Mines de rien - Le poids véritable d’un seul gramme d’or
Dans nos esprits, faire un petit craquage pour un bijou - ou en offrir un - c’est quelque chose de léger, d’agréable. Du plaisir.
En fait…
Pas tout à fait.
Parce que 1 gramme d’or pèse 1 tonne de déchets ultratoxiques
Des mines légales, donc ‘mignonnes’
Qui arrêtera Cyanure ?
Pour trouver 1 gramme d’or, un mineur doit excaver 1 tonne de gravats, car l’or y est disséminé.
La pépite d’or toute faite, c’est rare.
Cette tonne de gravats est transformée en boue ultratoxique par la méthode d’extraction et d’agglutinement des particules d’or, la cyanurisation.
Le cyanure et d’énormes quantités d’eau (140 m3 par heure pour une exploitation de taille moyenne) sont nécessaires à cette opération de récupération de l’or.
Selon Sauvonslaforet.org « L’extraction d’une tonne d’or nécessite 150 tonnes de cyanure (…). À titre de comparaison, quelques millilitres de cette substance sont déjà mortels pour l’homme. »
Certaines mines utilisent d’autres méthodes, plus respectueuses de l’environnement (et des gens).
La concentration centrifuge par gravité ou la flottaison permettent de concentrer les particules d’or et de diminuer l’usage du cyanure.
Ces mines restent rares car la méthode est coûteuse.
Quand ça déborde…
Cette tonne de boue ultratoxique, il faut la stocker avec des milliers d’autres tonnes derrière une ‘digue à résidus’.
Car des alliances de 10 grammes, les plus grosses mines du monde en produisent 74 tonnes par an, comme la mine de Grasberg en Indonésie.
Lorsqu’un barrage minier se rompt, exercice trop régulier, c’est la population alentour qui est atteinte, et leurs terres et rivières nourricières décimées.
Le Danube en a fait les frais en Février 2000, avec la rupture d’une digue à la mine d’or d’Aurul, qualifiée à l’époque de « plus grande catastrophe écologique depuis Tchernobyl »…
Comme précisé, nous sommes dans la version ‘mignonne’.
Avec des mines légales, soumises à des lois, normes, et de rigoureux (je l’espère) contrôles.
Imaginez dans certains pays moins encadrés…
Les mines de type Vador avec côté obscur et tout ça
En Guyane française, seul 10% de l’or extrait est légal (Source : WWF).
Oui oui, tes yeux envoient les bons signaux à ton cerveau.
10% légal…
En toute logique donc : 90% de l’or est illégal.
(Sur un territoire français…🫣)
Soit 9 tonnes sur les 10 extraites annuellement.
Soit 9 millions de petits grammes d’or.
Et souviens-toi : 1 gramme d’or = 1 tonne de déchets.
Ce qui nous fait 9 millions de tonnes de boue ultratoxique.
A l’année. Rien qu’en Guyane française.
Et directement rejetées dans l’Amazonie.
Les raisons pour qu’un garimpeiros traite ses déchets toxiques au milieu de la forêt tropicale ? Sincèrement ? 🤔
Pour se faire une idée : Le fléau de l’or, un reportage du Monde (par Plan B).
Ultratoxiques, vraiment ?
Vraiment.
Comme on l’a vu, l’or se trouve rarement sous forme de pépites.
On le trouve plutôt comme des paillettes, de la poussière d’or, disséminées dans les tonnes de minerai à excaver.
Poussières qu’il faut extraire et ensuite rassembler en grenaille d’or utilisable.
La mine officielle amalgame ses pépites au cyanure 😱.
Et stocke ses déchets derrières d’énormes barrages.
L’orpailleur illégal amalgame ses pépites au mercure 😱😱. (1,3 kg de mercure pour 1 seul kilo d’or).
Et il renvoie le tout aux poissons.
Et à ceux qui les mangent.
Minamata
Une catastrophe au mercure a eu lieu à Minamata au Japon, dans les années 60.
Où les chats convulsèrent, puis moururent.
Le ventre des poissons fleurta avec la surface.
Les oiseaux tombèrent du ciel.
Les hommes succombèrent.
J’en fait trop ? 😵
Va voir Johnny Depp.
Pour en revenir à nos mines :
« La quantité de mercure perdue dans le milieu naturel guyanais depuis le début de l’exploitation aurifère est estimée à 300 tonnes environ.» (Source : La pollution mercurielle liée à l'orpaillage en Guyane).
Tout de même.
Heureusement, la Guyane française est un exemple un peu extrême 😅 !
Dans le monde, c’est seulement un tiers de la production aurifère qui est illégale.
Juste une bague de fiançailles sur trois, quoi.
💍💍💩💍💍💩💍💍💩💍💍💩 …
Reconnaître un or Mignon d’un or Vador
Le prix exorbitant de l’or (57 000 € du kilo à l’heure où j’écris cet article) va en augmentant.
Et décuple l’orpaillage illégal…
L’Être Humain extrait 3 300 tonnes d’or chaque année, légalement ou pas.
Aucun moyen de faire la différence entre un or Mignon (hem), et un or Vador.
Seuls certains rares labels peuvent donner une assurance réelle sur l’origine extractive de l’or (article à venir 😁).
Donc y a moyen de se faire plaisir l’esprit tranquille ?
Oui.
Il y a des solutions.
Dans les prochains articles 😁 ! Mais continue ta lecture, celui-ci n’est pas tout à fait terminé. Il n’y a pas que l’or dans la vie.
Et l’argent ? Mignon ou Vador ?
L’or n’est pas seul concerné : Argent : même combat !
Dans une moindre mesure.
On en trouve 100 fois plus dans la nature, et à 700 € du kilo, c’est un petit joueur excitant moins les convoitises.
L’argent est généralement issu de mines légales, mais tout comme l’or : par cyanurisation.
En France, les scandales éclatent sur ces mines, où le minerai d’argent est associé à d’autres minerais moins recommandables. Arsenic, soufre, plomb, …
A la mine Saint-Joseph, dans le Gard, près d’Anduze, “l’eau (du site) peut attaquer les mains”. (Source : Pour-Suites, RFI).
Dans l’Aude, Frédéric Ogé, ancien chercheur au CNRS et spécialiste des sols pollués, explique :
“Vous voyez cette colline ? Eh bien ce n'en est pas une. C'est l'Artus, une zone de stockage qui abrite 10,5 millions de tonnes de résidus de minerai, dont 500 000 tonnes de produits toxiques.
Là, c'est Montredon : 2,5 millions de tonnes de résidus et encore 500 000 tonnes de produits toxiques. Là-bas, il y avait une vallée autrefois. Maintenant, c'est un tas de merdes polluées haut de 70 mètres…»
(Source : Libération - Reportage Mine : dans l’Aude, «un environnement dévasté et une population malade»)
Mais rassure-toi, j’aurai l’occasion de te parler diamants de sang et autres rubis.
Gros bisou réconfortant au chocolat.
😊
Et absolument désolée pour ceux qui sont perdus et hagards, à la veille de Noël, en raison de cet article. Vraiment.